mercredi 24 juin 2009

Asclépiades, phase 3

Voilà déjà un moment que j'avais fait de la cueillette... hormis pour le chou gras qui pousse à profusion dans les jardins! Mon panier me démangait!

J'ai vu que les asclépiades étaient en boutons floraux. Miam, ces brocolis sauvages... qui cependant ne goûtent pas le brocoli...

Nous voici à la 3e phase de l'asclépiades. En ordre, les voici: les jeunes pousses, les jeunes feuilles, les boutons floraux et les fameux fruits dits "petits cochons".

Je ne saute pas dans mes bottines et je suis parti! Dans mon enthousiasme de la cueillette, j'ai peut-être pris les asclépiades à dépourvu... les boutons floraux sont encore petits. Mais ils me suffisent.
J'ai fait une petite heure de cueillette au soleil brûlant et en compagnie de mouches (au pluriel s'il-vous-plaît!). Qu'importe? C'est le prix à payer pour autant de beauté et de richesse.

Un poulet sauvage? Il semble qu'il soit intéressé aux mêmes choses que moi!

Ma récolte. À votre tour maintenant...

N'oubliez pas de bouillir en plusieurs eaux l'asclépiade sous toutes ses formes. Les boutons sont agréables aussi avec du beurre, ou tels quels. Bonne dégustation!

mercredi 17 juin 2009

Couverture de peaux de lapin

Quoi de neuf me direz-vous? J'ai des idées!
Sur la ferme, nous élevons de petits lapins. Comme je suis le boucher local (!) je suis désigné pour l'abbatage. D'abords, comme je ne savais qu'en faire, je jettais les peaux au bois, toujours avec un pincement au coeur. Par souci de tout utiliser sur l'animal, j'ai essayé de sécher les peaux, mais il était difficile de bien les étendre, et comme je faisais ça vite, je finissais toujours par me retrouver avec un élevage de mouches! J'ai aussi essayer de les tanner, mais considérant le travail pour le peu d'usage et la fragilité de la peau, j'ai aussi laissé tomber cette méthode.

Or, je suis tombé sur une information utile dans un livre de Mors Kochanski, "Bush Craft". Il en fait des couvertures en peaux de lièvre, chaudes comme du duvet. C'était le seul habillement utilisé par les amérindiens Paiutes, nuit et jour, été comme hiver! Ça parle beaucoup. Voilà ce que je veux en faire...

Donc, en quelques mois, j'ai entassé dans mon congélateur déjà débordant environ 90 peaux de lapins, fourrure à l'extérieur. Pour faire une couverture de 90 cm par 90 cm, il en faut une soixantaine. Je trouve ça petit comme dimensions... donc j'ai calculé large pour la quantité de peaux.
On commence?

Voici une peau de lapin prête à être "déroulée".

Traditionellement, un couteau d'obsidienne était tenu entre les dents et la peau découpée à partir d'un trou des yeux. Lentement, on découpait une languette de 2-3 cm de large jusqu'au moment ou toute la peau avait été "déroulée". J'ai opté pour une solution moins puriste: un couteau planté dans une planche...

Presque toute la peau à été déroulée... Pour les petites pattes avant, l'idéal est de couper au travers puis de couper les surplus de peau ensuite.


Une fois rendu au bout, coincez ou attachez-le et tordez la peau sur elle même pour en faire une corde.

Une peau déroulée peut avoir une longueur impressionante! Jusqu'à 6 mètres en fait...

On peut enrouler la peau sur elle-même si on veut la recongeler pour une utilisation future, jusqu'à ce que vous ayez assez de peaux pour commencer.

On commence maintenant à tresser nos cordes de peau. On détermine la largeur de la couverture en faisant une chaîne de noeuds coulants (voir schéma). Au bout, on termine avec un noeud plat. Pour les autres rangs, on fait le noeud en 8.

Il est utile d'avoir le schéma à côté de soi lors de l'exécution! Ça a l'air clair sur papier, mais c'est tout autrement avec une corde poilue de 2 po de diamètre! Pour ne pas me perdre, je glisse mes doigts dans les 2 trous utilisés pour le noeud et je les laisse là tout le long du tressage. Ainsi je garde le fil (c'est le cas de le dire) si une distraction survient... ce qui arrive souvent. Quand le noeud est fait, je déplace mes doigts dans le trou adjacent et on recommence. Sur la photo, j'ai passé mes doigts par dessous pour mieux voir; d'habitude, ma main est au-dessus.
Je rentre le fil par un doigt et le sort par l'autre...

En tirant le fil, ça crée un anneau...


Je passe le fil dans l'anneau par dessous...

Et je serre le tout. Il devrait être difficile voir impossible de passer 2 doigts dans une maille.


Et je recommence le processus jusqu'au bout de la rangée. Puis je fini avec un noeud plat, et on recommence un nouveau rang. À ce stade, je trouve plus facile de retourner la couverture et de continuer le tressage dans le même sens, dans mon cas, de gauche à droite.¨

Pour joindre 2 peaux, on attache la nouvelle dans le trou de l'oeil de l'ancienne, ou on les passe l'une dans l'autre comme sur ce schéma.


Voilà 3 rangs de tressés. J'utilise 2 couleurs de peaux. Ne pas porter s'il y a des lions à proximité!


Ma couverture est large comme je suis grand. À chaque peau ajoutée je compte 1 po de plus en longueur. Si je la veux carrée, ça me prendrait 70 peaux environ. Je vais garder le compte...



À suivre...

samedi 6 juin 2009

Panier de récolte


Je vous avais montré cette écorce de frêne? Alors qu'une averse soudaine m'interrompit dans mon ouvrage, j'ai décidé de faire un panier avec l'écorce de frêne qui trempait depuis quelques jours dans l'eau. L'écorce a été difficile à mettre à plat... Elle a fendu un peu au bout... Impossible de faire une gourde étanche dans ce cas... J'ai donc opté pour un panier de récolte.



Tracez une ligne transversale au centre de votre panneau d'écorce, côté écorce externe. C'est votre ligne de référence. Maintenant il faut tracer 2 lignes courbes qui formeront une forme de ballon de football. Les pointes du ballon sont enlignées avec la ligne transversale centrale. Votre forme est à votre goût? (La mienne ne l'était pas, j'ai été trop vite...!) Prenez votre couteau et entaillez l'écorce externe sur ces lignes de ballon, jusqu'au cambium (écorce interne).






Maintenant, on plie l'écorce sur ces lignes, comme de l'origami. Prenez votre temps, coupez tout morceau d'écorce qui entrave l'opération. Automatiquement, l'intérieur du ballon devient concave, et les deux panneaux convexe. Magie!


On voit maintenant le panier se former! Pour finaliser, il faut fixer les battants ensemble. J'aurais pu les coller, ou les coudre. J'ai préféré les lacer. J'ai utilisé un poinçon à cuir pour percer des trous sur les bordures du panier. Avec de la lanière de cuir, j'ai lacé en X.

Un côté fini...

Pour finir l'ouverture, j'ai découpé des lanières d'écorces, et j'ai fait un sandwich d'écorce! Une lanière à l'intérieur, le rebords du panier, une lanière à l'extérieur, le tout lacé serré!

Voilà le produit fini... 2h de travail, en comptant le temps pour couper les lanières de cuir. Il ne manque qu'une corde pour le transporter. Ce modèle de panier n'est pas fait pour être déposé à plat...

Un homme fier et heureux de son travail.

vendredi 5 juin 2009

Fumer une peau...

Attention, ne mettez pas de morceaux de peau dans une pipe! Je veux parler de la dernière étape du tannage à la cervelle, qui consiste à enfumer la peau pour lui donner sa couleur et son imperméabilité.
J'avais 2 peaux à fumer, et j'ai décidé d'expérimenter des techniques différentes. Habituellement, je brochais la peau pliée en 2, je laissais une ouverture au cou pour forcer la fumée à l'intérieur. Pour produire une bonne fumée, je faisais un bon feu dans une petite truie, puis je jettais du bois pourri sur les braises, et voilà.
J'ai essayé de fermer la peau cette fois-ci en la collant. Ça marche bien et c'est plus étanche. Je voulais aussi trouver une alternative au petit poêle. Un trépier et un trou dans le sol ont servi.
J'ai commencé par allumer le feu par friction, dans le trou. J'ai mis mon pagne et mes jambières cet après-midi là, faites de la peau que j'ai tannée. Quel confort, sans parler de la satisfaction de porter des vêtements que j'ai fabriqués!
J'ai fait un bon feu de bois franc qui m'a donné un bon lit de braise.
En attendant que le feu se consume, j'ai fait un peu de battage de frêne!
Voilà mes 2 peaux collées et installées pour le fumage. J'ai essayé avec des copeaux secs de cèdre pour produire la fumée: soit le feu étouffe, ou une flamme surgit, à ma grande panique! Je ne veux surtout pas brûler un produit si précieux, avec toutes ses heures de travail et la graisse de bras qui va avec! Rien de mieux que du bon bois pourri sec pour une fumée épaisse qui donne une belle couleur à la peau. J'ai installé une collerette de canvas à la base pour éviter que la peau se salisse ou brûle, que j'ai fixé au sol à l'aide de pierres.

Et voilà le premier côté fumé, à l'éclairage de la lune, au chant des oiseaux et des grenouilles. Les animaux s'activent, et la brume glisse sur la rivière.

Il faut toujours rester alerte aux côtés de la peau... j'ai brûlé une partie de ma collerette de canvas! Ouf!
Le soir tombe, les odeurs sont suaves et délicieuses, le système de son extraordinaire, je rentre chez nous avec mon trésor sous le bras, fier et calme. Certain diraient que je sens le saumon fumé!

Battage de frêne et asclépiades

Tape, tape, tape, tape, cogne, cogne, tape, bang, bang......
Voilà une activité que je voulais faire depuis longtemps: du battage de frêne! L'idée est de se faire des éclisses de frêne pour éventuellement en faire des paniers. Il faut récolter un frêne au printemps, quand la sève commence à couler. Comme le printemps passe vite, il était temps que je me décide!
Idéallement, il faut choisir une section de frêne de 5-6 po de diamètre, le plus droit possible et sans noeuds.

Me voici en train d'en écorcer une.


Pourquoi briser l'écorce? Il est possible de faire un panier étanche rapidement avec un beau morceau. Dans un prochain message...

Voila le travail qui commence...Avec un maillet de bois, le dos d'une hache, etc., il faut frapper, frapper et encore frapper dans le but de faire décoller les âges du bois. Inutile de frapper trop fort, on se fatigue avant de décoller une éclisse! Il faut changer le maillet de main une fois de temps en temps... Travail de longue haleine.

Après plusieurs minutes de battage et de tapage (dans les 2 sens du terme!), voici le résultat:

Bang, bang, le tapage continue. Le bois résonne, les âges décollent, l'arbre change de forme... Les éclisses sont larges, il suffit de les fendre à la largeur voulue, de les gratter avec le tranchant d'un couteau et elles sont prêtes à l'usage! Elles sont souples...

Il paraît que le frêne pousse très bien dans les endroits inondables. On va voir s'il aime avoir les pieds dans l'eau!

Ainsi entreposé jusqu'au prochain temps libre, le frêne ne sèchera pas trop.

En me promenant le long du chemin, j'aperçois quelque chose que je cherchait en vain depuis quelques temps: les premières jeunes pousses d'asclépiade! Yihou! Je prends mon panier et je pars à la chasse!
Ces pousses se mangent comme des asperges, même qu'elles en ont le goût! C'est un de mes légumes sauvages préférés.

Il faut les cuire en 2 ou 3 eaux successives. Mettre dans l'eau bouillante pendant une minute pour la première eau, les autres 2 à 3 minutes pour en lessiver la sève laiteuse et amère. Délicieux légume!