samedi 27 février 2010

Les derniers jours d'hiver passés dehors .

Une autre fin de semaine passée avec joie dans les bois!
Nous sommes partis faire du camping d'hiver dans des conditions semi-primitives, c'est-à-dire, avec des sacs de couchage, de la nourriture d'excursion, des tapis de sol pour quelques-uns d'entre nous, des collets et un chaudron léger mais sans allumettes, sans toute l'eau et la nourriture nécessaire, sans grille à feu, sans pelle et sans tente évidemment. Nous étions cinq, avec différents niveaux d'expérience dans les bois, et nous avons tous appris quelque chose! Après avoir trouvé notre lieu de campement, nous avons entamé la construction de notre abri. Nous avons choisi de faire un quincey. Il suffit de faire un tas de neige compactée et de creuser ensuite à l'intérieur pour former l'habitacle. Pour 5 personnes, cela représente un énorme tas de neige! Pour nous sauver du travail, nous avons installé nos bagages au centre et les avons enterrés, pour les sortir plus tard à l'étape du creusage. Évidemment, c'est alors que les bagages sont bien enterrés que nous avons besoin d'un objet à l'intérieur!




Une raquette fonctionne bien pour pelleter.


Lors du creusage, il est presque immanquable de se retrouver avec de la neige dans le cou et dans les sous-vêtements! C'est d'ailleurs un des désavantages de ce type d'abri: on se retrouve mouillé et un feu devient nécessaire...


Entrée vue de l'intérieur, avec Chantal qui sort la neige.

Pour savoir jusqu'où creuser, on plante des petits bâtons de 1 pied partout de l'extérieur. On arrête de creuser de l'intérieur à leur contact.


Malgré les quelques désavantages du quincey, entre autres le temps de construction, dormir dans un abri formé exclusivement de neige nous donne un sentiment magique! Je me sens protégé, au chaud. Nous avons bien dormi, mais nous aurions encore mieux dormi avec une personne de plus dans l'abri... Collé à son voisin, on dort tellement mieux!


Claude a décidé de dormir à la belle étoile. Les températures étaient légèrement au-dessous de zéro, donc c'était envisageable. Il s'est installé sur un tapis de branches de sapin, avec une bûche comme oreiller et les arbres comme toît!



Trouver du bois sec est un bon défi par ces temps humides... J'ai trouvé un cèdre qui l'était suffisamment pour partir le feu par friction. À l'arc:




À la main:


Notre tison prêt à être enflammé!



Nos vêtements sèchent sur la corde d'asclépiade entourant le trépied. Sur la photo, je tiens la branche qui soutient notre chaudron. Elle est plantée dans la neige et adossée à une bûche, qu'on avance et recule afin d'ajuster la hauteur du chaudron.
Des troncs nous ont servi de bancs autour du feu.


Nous avons creusé dans le fond de cette source pour pouvoir y immerger nos gourdes. Malgré le fait qu'elle coule à l'année et que nous en prenons soin, nous avons bouilli l'eau pour plus de sécurité.

Pour combler les lacunes de nourriture, nous devions nous trouver à manger dans les bois. Nous avons commencé à poser des collets. Nous avons installé des collets à écureuils sur une perche. Les malins rongeurs ont sauté par-dessus pour atteindre l'appât!

Le pimbina, ou viorne trilobé, reste accessible tout l'hiver, lorsque les oiseaux en laissent! Nous en avons dégusté et même utilisé comme appât à poisson!

Voilà ma bribale pour la pêche sur glace, l'hameçon appâté avec du jerky, du gras et du pimbina.


Lorsqu'un poisson est pris, le bâton devient à la verticale...


J'avais aussi dans l'idée de cueillir de la quenouille. Épreuve plus difficile que je m'y attendais! Après avoir percé la glace d'un pied d'épaisseur, je me suis plongé le bras jusqu'au coude dans l'eau glacée pour déloger les rhizomes de la vase!


Ils sont bourrés d'amidon, mais sont trop fibreux pour être mangés tels quels. Pour les préparer, on les écrase, on ôte l'écorce rougeâtre et on les frotte dans l'eau pour séparer l'amidon des fibres. Une farine blanche se forme au fond du contenant par décantation au bout d'une nuit.




À notre farine de bannique, nous avons ajouté cette farine et l'eau encore gluante d'amidon. Pour la cuire, nous l'avons enrobée autour d'un bâton et cuite comme une guimauve sur le feu. Hum!!!



Nous en avons aussi cuit une partie directement dans les cendres chaudes. En grattant l'extérieur une fois cuite, cette bannique s'est révélée encore plus goûteuse que celle cuite sur le bâton!


Malheureusement, nous n'avons rien attrapé dans nos trappes. Un lièvre a cassé le collet dans lequel il s'était pris, nous laissant avec des poils, le bonheur d'avoir placé un collet au bon endroit et le malheur d'avoir utilisé du fil de laiton si mince et fragile. Quant aux écureuils, il aurait fallu camoufler les collets pour les rendre invisibles à leurs yeux méfiants. Les poissons, eux, sont probablement endormis puisqu'ils ont délaissé nos appâts si appétissants! Avec un séjour plus long, le succès nous serait venu immanquablement.
En somme, quels apprentissages à tous les niveaux! Les abris, la trappe, le feu par friction, la cuisson des aliments, la vie en groupe, la cueillette d'hiver, etc!
Chaque saison nous apprend. Nous nous donnons donc rendez-vous pour un camping de printemps!

samedi 20 février 2010

Le pemmican

Je m'apprête à faire un camping d'hiver dans les prochains jours, qui fera sans aucun doute l'objet d'un prochain message... En préparation, je me suis cuisiné le repas ultime du campeur et/ou amérindien et/ou voyageur et/ou curieux: le pemmican. C'est une nourriture qui se conserve indéfiniment et qui contient tout ce dont un homme à besoin pour survivre: glucides, lipides et protéines. C'est une recette qui était utilisée extensivement par les Amérindiens pour les nombreux avantages précedemment nommés. Les archéologues ont trouvé dans un vieux campement amérindien du pemmican âgé de 350 ans... encore comestible!
Le pemmican se compose de 3 ingrédients: de la viande séchée, du gras rendu et des fruits secs. Nous ne parlons pas de haute gastronomie... mais c'est étonnamment bon et soutenant.
Le gras animal doit d'abord être rendu, c'est-à-dire chauffé à petit feu pendant des heures pour séparer le gras pur des tissus adipeux. On voit le gras rendu solidifié ici.

Je l'ai fait chauffer pour le rendre liquide. Réservez!

J'ai utilisé du jerky (viande séchée) de cheval.



Je l'ai réduit en poudre dans le mortier.


Entre temps, j'ai confectionné l'enveloppe dans laquelle le pemmican sera entreposé. C'est un sac de peau non-tannée, en babiche, qui est aussi appelé parflèche.

J'ai cousu les bords avec du tendon. Le tendon, comme la babiche, est souple lorsque mouillé et rétrécit en séchant. C'est donc le fil à couture idéal!

Le temps de dire babiche, mon sac était cousu!


À ma viande réduite en poudre, j'ai ajouté des canneberges séchées.


Au moment d'enrober le mélange avec le gras liquéfié, je me suis assuré que ce dernier était tiède. Il ne faut absolument pas cuire la viande dans l'opération, ce qui pourrait altérer les propriétés de conservation et vous empoisonner. Ne cuisez pas la viande!
Je verse juste assez de gras pour enrober toute la viande et les fruits. Plus que cela, et le foie m'explose juste à regarder!


Je remplis mon parflèche avec soin, bien compacté.


Pour assurer la conservation, je scelle les coutures avec du gras et j'en verse une couche sur le dessus du mélange, pour que l'air ne puisse pas s'infiltrer à l'intérieur.


Et voilà mon enveloppe séchée et scellée, prête pour le camping!

vendredi 19 février 2010

L'incroyable colle de peau

C'est une colle aussi solide que l'epoxy. Utilisée depuis des millénaires par les autochtones de partout au monde. Antonio Stradivarius l'utilisait sur ses violons. Elle est soluble à l'eau, ce qui donne la possibilité de décoller des articles. Je l'utilise à toutes les fins, entre autres pour coller les tendons sur le dos de mes arcs! C'est... *roulement de tambour*... la colle de peau!
Le nom le dit, elle est fabriquée à partir de peau. La peau est composée de milliers de fibres collagènes, chaque fibre est enduite de colle. En faisant bouillir la peau, cette colle se dissout dans l'eau. On fait évaporer l'eau et on se retrouve avec de la colle! Simple, non?
J'avais une peau non-tannée de chevreuil qui était en lambeaux. J'ai décidé d'en faire de la colle. Premièrement, je découpe la peau en petits morceaux pour accélérer l'opération.
J'en utilise une bonne quantité que je mets à bouillir à petit feu pour plusieurs heures.
Je rajoute de l'eau si nécessaire au fur et à mesure qu'elle s'évapore. Mon contenant est une boîte de conserve à café... je n'ai pas peur de coller le fond de mon chaudron!

Lorsque les morceaux de peau sont gélatineux, je filtre le bouillon au travers d'un moustiquaire. Je le remets à réduire jusqu'à ce que la colle ait la consistence d'un sirop épais. À ce stade, la colle est prête à être utilisée! Il faut la garder chaude aussi longtemps qu'on l'utilise, sans quoi on se retrouve avec de la gélatine! Si on laisse la colle assez longtemps sous cette forme, elle développera une odeur qui réveillerait un mort et qui pourrait être cause de divorce. Il faut donc trouver un moyen pour la conserver. On peut évidemment congeler nos cubes de Jello pour quelque temps, mais après quelques semaines l'odeur peut toujours se développer... La seule façon efficace pour la conserver éternellement est de la faire sécher...
Ici, je l'ai fait réduire au maximum sans qu'elle ne colle au fond.
On voit bien la texture sur la photo: ça ressemble à du Jello ou du caoutchouc.

On peut la couper en cubes et les enfiler sur une corde pour ensuite suspendre cette guirlande à sécher dans un endroit frais!!! Si elle est mise au chaud, elle fond et crée un magnifique dégât! Sinon, je la fais sécher dans une tôle jusqu'à ce qu'elle soit complètement sèche. Ensuite, on la réduit en poudre dans un mortier pour l'entreposer!



Pour l'utiliser, on mélange une cuillèrée à café de cette poudre à une tasse environ d'eau chaude, et on brasse, et on brasse, encore, jusqu'à l'obtention d'un mélange homogène!

Voilà le secret de cette colle magique!