samedi 28 novembre 2009

Fabrication d'un arc- 2e partie

Nous voici rendus à l'étape finale, ou presque, pour la fabrication d'un arc. Ce n'est pas une étape obligatoire, mais c'est vraiment un plus. Nous allons appliquer du tendon sur le dos de l'arc pour le renforcir.

Mes tendons sont récoltés sur les muscles qui longent la colonne vertébrale. Ils sont longs et se séparent facilement en fils une fois secs. Il s'agit de les frotter, plier, tordre dans tous les sens pour que le tendon se sépare en fils d'environ 1/8 de pouce au gros bout. L'ironie et la beauté de la chose, c'est que les tendons provenant du don de vie des cerfs vont me servir pour aller en chasser d'autres.


En résumé, nous allons prendre ces tendons et les coller de façon ordonnée sur le dos de l'arc. Pour que la colle adhère bien, j'ai lavé en profondeur le dos de l'arc afin d'enlever toutes les graisses. Étape importante! Par la suite, il ne faut même pas toucher le dos de l'arc avec les doigts! J'écorche aussi le bois avec une lime ou une scie à métal pour donner plus de prise à la colle.

Parlant de colle, la voici. C'est de la colle que j'ai fabriquée avec des retailles de peau de chevreuil et/ou autre peau, d'où le nom de colle de peau. Encore un don des cerfs! C'est une colle extrêmement forte et soluble à l'eau. Elle est encore utilisée en lutherie aujourd'hui. La fabrication fera probablement l'objet d'un prochain message...

Mélangée à de l'eau, j'en fais un sirop que j'applique en couche généreuse sur mon arc.

Je laisse sécher un peu et je suis prêt à appliquer les tendons, préalablement réhumidifiés. Je trempe chacun d'eux dans la colle et les place de façon à recouvrir tout le dos de l'arc. Je les place pour que les joints entre 2 tendons n'arrivent pas tous à la même place. Les tendons vont jusqu'au bout et reviennent jusqu'à 2 pouces sur le ventre de l'arc.

Je laisse sécher la première couche. J'en applique une 2e et même une 3e selon le besoin. À ce stade, j'en mets le même nombre sur chaque côté de la poignée.

Une fois fini, je le mets à sécher dans un endroit sec. Deux semaines au minimum sont requises avant de même songer à le toucher. Le tendon, en séchant, a rétréci et "ramené" l'arc, le rendant "reflex", ou autrement dit, courbé dans le sens opposé à l'arc bandé. Voir la photo.

Moment de vérité... on met la corde et on étire l'arc progressivement, corrigeant les défauts au fur et à mesure. L'arc peut nécessiter quelques retouches pour que sa courbure soit égale. Maintenant, il reste la finition, le sablage, les décorations, etc.

L'arc n'a pas cassé? Yipee! C'est l'heure de profiter et d'aller tirer. Quelle joie de tirer avec un outil aussi simple et pourtant si raffiné, fabriqué de ses mains avec les dons de la nature. Une fierté immense m'envahit... Je suis riche!

1 commentaire:

  1. C'est fou!! Complètement débile! Bravo Félix, vraiment chapeau, tu détiens maintenant un savoir puissant et honorable.... wow!

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