mardi 22 juin 2010

Tente de sudation ou sweat lodge?

Hier fut une journée cérémoniale. Une journée où les circonstances se prêtaient à l'intériorisation de l'être et à l'universalisation de l'âme. Depuis quelques temps chez nous, les fêtes religieuses québécoises ont été remplacées par les fêtes des cultures autochtones ou tribales. (Pour moi, ces deux termes sont équivalents et non-péjoratifs.) Le solstice d'hiver remplace Noël, le solstice d'été remplace la St-Jean, sans nommer les autres. Les cérémonies sont importantes si on veut se créer une vie spirituelle et une formule à suivre dans les circonstances appropriées. Bien que notre culture soit québécoise donc foncièrement religieuse catholique, les cérémonies inhérentes sont souvent déconnectées d'une vie en harmonie avec la nature, ce qui fait que je les laisse de côté en faveur des cérémonies puissantes des Amérindiens, par exemple, la tente de sudation, ou sweat lodge. ( je ne sais pourquoi le terme anglais est plus utilisé même pour les francophones...)
Donc, pour le solstice d'été, mais aussi pour la fête de ma soeur Florence et son passage à la majorité symbolique, un "sweat" était de mise.
Le "sweat lodge" représente une petite mort, où l'on meurt à soi même et l'on renaît simplement pur, sans blocages émotionnels et/ou, à la limite, physiques. On en sort détendu à coup sûr, en harmonie.

À l'endroit où mon abri de chaume récemment démoli était situé sur le bord de la rivière, j'ai décidé d'ériger la structure de la tente de sudation. J'ai remercié chacunes des branches de saule récoltées pour l'ossature. Je les ai écorcées et j'ai conservé l'écorce pour un usage ultérieur.



Elles sont plantées verticalement dans le sol, disposées à vue d'oiseau de façon circulaire, comme beaucoup de formes parfaites dans la nature. (soleil, astres, nid d'oiseaux, fleurs, planètes, gouttes d'eau, ...) C'est une raison pour laquelle c'est une forme sacrée chez les Amérindiens.


Pour les planter, je plante un piquet pilote que j'enlève dès que le trou est assez profond, pour ensuite y insérer la branche.
Mes 12 branches plantées en cercle vont être pliées et reliées entre elles pour former l'ossature. Je les enroule l'une sur l'autre et les attache avec l'écorce de saule préalablement enlevée. Ces liens sont étonnement très solides et agréables à manier.


Pour combler les espaces vides, je rajoute à l'ossature des cerceaux qui vont s'entourer autour du dôme.
Elle est si solide que je peux sauter à pieds joints dessus sans avoir peur de la briser. (mais en ayant peur de me la briser!)


L'ossature est recouverte de vieux tapis, vieilles couvertures ou canevas. L'idée est de garder la chaleur et l'humidité à l'intérieur et de couper tout rayon de lumière qui pourrait s'infiltrer. L'intérieur du sweat doit être complètement noir comme dans le ventre de notre mère.

Des pierres sont mises à chauffer dans un feu. Lorsqu'elles sont rouges, on les rentre à l'intérieur de la tente, où la chaleur est déjà suffisante avec la porte ouverte pour nous faire suer à grosses gouttes. Dans chaque geste entourant la cérémonie, la dimension du sacré émane et encense la dimension physique. Chaque Grand-père (comme sont appelées les pierres) est entré dans la tente cérémonieusement.



Du cèdre, du foin d'odeur ou de la sauge est déposé sur les pierres rouges qui enfume et purifie la loge.

La porte est fermée et de l'eau jetée sur les Grand-pères qui diffusent la vapeur au point où la chaleur est à la limite du supportable. Le changement à l'intérieur s'opère tranquillement.




Après réouverture de la porte, on se repaît d'air frais pour quelques temps avant de la refermer pour une autre ronde. On fait jusqu'à quatre rondes avant de sortir et aller se lancer dans la rivière. Étonnamment, il n'y a pas de choc thermique comme on pourrait s'y attendre..
La paix est installée en nous suite à la cérémonie. À chaque fois, je me dis que je ne le fais pas assez souvent. Je me rappelle ainsi ma connection avec la monde, le lien spirituel qui relie toutes choses, qui nous dit que nous sommes tous de la même matière et que le même esprit nous anime. Je me rappelle que ce que l'on ressent avec nos sens n'est qu'une partie de se qui se passe; qu'il y a d'autres sens à développer pour ressentir ces réalités.

Le domaine de l'impalpable est puissant et mystérieux...

vendredi 18 juin 2010

Journée spéciale

Belle journée particulière pour moi! Ce matin qui s’annonçait pluvieux a viré au soleil. Sa lumière faisait de l’herbage un champ de cristaux magnifique auquel il me fut impossible de résister! J’ai pris mon panier et mon sac de cueillette, histoire de me donner un prétexte à aller me balader. Les boutons d’asclépiade étaient à leur apogée, j’en ai donc cueillis un panier plein. Quand je cueille une plante, je développe une intimité avec elle. Je connais sa vie, sa vue, son humeur. Je partage son paysage, son ancrage dans ce lieu qu’elle a choisi. On s’entraide l’un l’autre, puisqu’elle m’aide à survivre et moi à la propager. Elle devient une fidèle alliée et, partout où je vais, elle est présente… J’en ai profité pour cueillir du foin d’odeur, cette graminée que les Amérindiens considéraient comme une plante sacrée et qui sent si bon! Ils disaient que lorsqu’on allume le foin d’odeur, on demande au créateur de soigner nos sentiments et nos émotions. Je ne sais pourquoi, mais ça fonctionne avec efficacité! Cette odeur me calme et me réharmonise à coup sûr!
Je tresse le foin d’odeur alors qu’il est encore vert et souple. J’enlève les têtes, classe les tiges par longueurs et je les tresse. Je les mets ensuite à sécher tête en bas.
C’était aussi une journée particulière puisque j’ai défait ma hutte sur le bord de la rivière. J'y avais mis beaucoup de temps et d'énergie, sans compter l'attachement que l'on peut avoir avec un abri. Avec les hivers qu’elle a supportés, l’ossature s’était affaissée d’un côté, avec quelques côtes de brisées… Il est vrai que je ne l’ai pas beaucoup entretenue… Par contre, la chaume (l’herbage) était en excellent état. Les fagots de chaume étaient attachés à l’ossature par des liens d’herbage, qui étaient encore aussi solides qu’à l’origine. J’ai récupéré toute la chaume afin de la poser sur mon abri dont on voit l’ossature dans les messages précédents.

J’ai aussi vu aujourd’hui beaucoup plus d’animaux qu’à l’ordinaire. Un gros coyote s’est enfui à 30 pieds devant moi lors de ma cueillette. Une marmotte m’a presque foncé dessus tandis qu’une autre n’est rentrée dans son trou que lorsque j’aurais pu la toucher avec un bâton. En allant dans le bois, un écureuil m’a accueilli ainsi que… un cochon! Drôle de vision de voir un cochon en plein bois! Un évadé du matin qu’on avait perdu et qui s’est réfugié sur le site de l’école! J’avais bien remarqué les traces sans y prêter attention, me disant que c’était un jeune chevreuil… Et non!

Sur la photo, la piste de la patte arrière est sur celle de devant.




Je n’avais pas inclus de photos de mes couteaux croches que je me suis fait il y a plus d’un mois. Le couteau croche était utilisé extensivement par les amérindiens de toutes tribus pour tous les usages. C’est un couteau à un seul tranchant dont la lame est recourbée au bout et qui s’utilise en travaillant vers soi. J’ai utilisé une vieille lime que j’ai aiguisée sur la meule et que j’ai chauffée et pliée dans la forge. L’étape compliquée est le trempage de la lame pour lui redonner sa dureté. Lorsque la lame est rouge, on la trempe dans l’eau froide ou l’huile d’un coup. Ensuite, il faut la rechauffer à un degré précis pour atteindre la dureté optimale. On fait cela en la chauffant avec une torche, sur une barre de fer chauffée à blanc ou dans un four de cuisinière jusqu’à ce qu’elle change de couleur. Il y a une progression de couleurs qui passe de crème à bleu foncé. Pour mes couteaux, il fallait que j’amène le métal au jaune paille. Le trempage est une science en soi que je suis loin de maîtriser! J’ai dû m’y reprendre à 3 fois pour bien tremper les lames.

Ensuite, il faut faire le manche. J’en ai fait un en andouiller de cerf, que j’ai trouvé pendant le camping d’automne dont je parle dans mon blog. J’y ai percé un trou que j’ai rempli de colle de résine de pin, puis y ai inséré le manchon de la lame. L’autre est en noyer noir, attaché avec de la babiche. Deux étuis en cuir viennent protéger les lames coupantes comme des rasoirs. Le couteau croche s'utilise comme une plane, une gouge, ou simplement comme un couteau. L’outil idéal de l’artisan primitif!

lundi 14 juin 2010

Chasseurs de plantes!

Ce dimanche, un groupe de 5 personnes ont suivi le cours de plantes comestibles et médicinales... Un groupe équilibré par rapport à la semaine passée; 3 gars et 3 filles (si je me compte). Cette fois-ci, la température fut de notre côté!

Chaque groupe est unique et a sa propre couleur. J'ai été surpris de voir comment la formation était différente de celle de la semaine précédente. Au moins tout aussi intéressante et agréable, mais unique. Encore une fois, j'attends les commentaires négatifs pour que je puisse améliorer le cours, mais ils ne viennent pas! Tous semblent satisfaits! Forcez-vous un peu!

Un moment fort du cours: l'utilisation du bâton à fouir pour déterrer les bulbes d'hémérocalles. Opération plus difficile qu'elle ne parait! La terre est dure et compactée! Mais l'effort en vaut la peine. Aucun bâton n'a été brisé, contrairement à la semaine précédente! Il faut dire qu'ils étaient plus solides cette fois-ci.





Il est beau de voir tous ces gens à l'oeuvre! La salade s'est préparée en un rien de temps.


Une journée remplie autant que prévu. Les têtes devaient l'être aussi!


mercredi 9 juin 2010

Les courageux qui ont bravé la pluie!

Dimanche passé, le 6, cinq personnes ont bravé la pluie battante et harassante pour suivre ma formation sur les plantes médicinales et comestibles! Malgré les imperméables ou les innombrables épaisseurs de laine, tous ont été trempés et ont connu le froid... Pourtant, tous sont partis avec le sourire et avec satisfation, semble t-il!




La journée a été chargée, les informations fusaient de toutes parts, les conversations étaient riches et intéressantes! Beau groupe dynamique à mon goût. Il y a même eu une brave qui m'a accompagné dans mon nudi-pédisme (pieds nus)!

Une soupe de crosses de violon et une salade d'une multitude de végétaux cueillis durant le cours (dont les bulbes d'hémerocalles qui sont sur la photo) ont servi d'accompagnement pour nos dîners.




Malgré les différents niveaux de connaissances des gens sur les plantes, tous ont semblé apprendre et avoir son compte.


À recommencer ce dimanche avec mon prochain groupe. Il semblerait que de la pluie est annoncée...