vendredi 25 décembre 2009

L'éclairage des soirées d'hiver...

Fini les chandelles à la paraffine! Maintenant que nous avons des ruches sur la ferme, la cire d'abeille me semble toute indiquée comme combustible. Elle sent bon, ne dégage pas de gaz toxique, brûle bien et longtemps. Tout ce qu'il faut pour fabriquer des chandelles, c'est du combustible (la cire) et des mèches (mèches de coton achetées chez un détaillant de produits d'apiculture).
J'ai nettoyé la cire en plusieurs étapes en la fondant, la filtrant et la refroidissant. Je grattais ensuite le fond du bloc de cire pour enlever toutes les impuretés sédimentées. Puis je recommençais autant de fois que nécessaire. Notez les différentes couleurs!
Ce qui me tracassait, c'était les mèches. Y a-t-il un moyen de les faire soi-même avec les produits locaux? J'ai fabriqué une mince corde d'asclépiade que j'ai fait tremper dans le vinaigre et ensuite sécher. Apparemment, cette opération ferait mieux absorber la mèche. La voici après un trempage dans la cire.

Nous avons commencé par tremper les mèches une par une dans la cire fondue dans un bain-marie. Ou plutôt deux par deux... On les suspend pour les faire sécher pendant qu'on en trempe d'autres. On revient aux premières pour le 2e trempage, et ainsi de suite. Après 3 trempages, les mèches se redressissaient d'elles-mêmes.


À ce point, on les installait sur des supports fabriqués avec des supports à linge. On pouvait donc en tremper 12 en même temps!



Rendues à mi-grosseur du produit fini, on les roulait sur une surface plane pour les redressir. On coupait aussi la base pour enlever l'excès de cire sous la chandelle, qui n'a pas de mèche au centre.



Et voilà la moitié de nos chandelles terminées! Nous en avons fait 2oo... pour commencer. Elles sentent si bon qu'on a le goût de les croquer!

Le soir, après avoir eu du plaisir fou à fabriquer nos chandelles, et pour fêter notre réussite, nous allumons une chandelle avec une mèche d'asclépiade, comme test. Le résultat est impressionnant! Une chandelle parfaite, qui éclaire bien, ne coule pas et qui ne vacille pas! Bonheur-o-mètre au maximum!

Poterie-2e partie

Bon, voilà, nous avons fait sécher nos pièces pendant une semaine, et nous sommes maintenant prêts à entrer dans la 2e phase: la cuisson...
Une étape délicate, car il faut cuire la poterie assez pour la solidifier, sans la cuire à excès pour ne pas la faire craquer. Dans un feu de camp, l'opération est d'autant plus délicate.
J'ai utilisé une méthode de cuisson sans préchauffage de la poterie. J'ai installé des bûches de bon diamètre encerclant mes pièces.
Je recouvre avec de la bouse de vache séchée ou, comme on voit ici, avec du bran de scie. J'ajoute du bois d'allumage et du bois franc sec en bonne quantité et...

...on allume! On laisse brûler au complet.


J'ai sorti les pièces des cendres progressivement pour les faire refroidir lentement. Comme il faisait pas loin de -20 C, ça s'est fait rapidement...


Et voilà! Quelques pièces n'ont pas survécu. On peut s'y attendre en poterie primitive.

Voici une lampe simple et efficace! Ce genre de lampe étaient probablement l'éclairage d'appoint utilisé par les Inuits et Amérindiens. Il suffit d'avoir de l'huile végétale et une mèche de corde (ici fabriquée en asclépiade) qu'on allume à l'extrémité. Voilà qui économisera les chandelles dans les soirées d'hiver de ma chaumière sans électricité!

Cette lampe réveille les ancêtres à l'intérieur de moi. Je sens qu'ils ne sont pas enfouis trop loin...

jeudi 10 décembre 2009

Avoir la peau dure...

Qui veut s'essayer? Gratter une peau d'orignal, c'est du travail de longue haleine! Moi qui me croyais endurant et entraîné, j'ai pris un sérieux coup d'humilité en pensant que c'était les femmes amérindiennes qui effectuaient le tannage.
Plusieurs heures de travail réparties sur 2 jours! Je gratte de toutes mes forces sans avoir la moindre peur de percer la peau tellement elle est épaisse!
J'enlève toute la chair et tout restant de membrane. La peau doit être immaculée! Le travail en vaut la peine. Il me sauvera des heures d'ouvrage supplémentaires à l'étape du tannage.



Voici mon grattoir. J'y ai attaché une lame faite à partir d'une vieille lime.

mercredi 9 décembre 2009

Poterie primitive

Le sous-sol ici est composé exclusivement d'argile pure... Hum, j'en profite! J'en ai récoltée et nettoyée pour en faire de la poterie. À l'argile, j'ajoute une partie de matière stabilisante pour la cuisson: ici, j'ai ajouté du sable.
On pétrit comme le pain pour bien mélanger et enlever les bulles d'air... Pas question d'être délicat ici! On frappe, on écrase, on tape!

Une fois bien pétrit, on commence à former les pots. Malheureusement, je n'ai pas beaucoup de photos durant cette étape, mes mains étaient bien gommées! Mais voici mes petits verres que j'ai fabriqués dans une petite boule d'argile:

Voici la lampe à l'huile de Rebecca:

On laisse sécher totalement avant de penser à cuire la poterie... opération qui peut prendre 2 semaines!


La suite bientôt...

mardi 1 décembre 2009

Camping d'automne

Nous avons fait une excursion dans le bois à Ste-Thècle cet été, Manon et moi. Nous avons construit un abri de débris pour y passer la nuit. C'est quoi, un abri de débris? C'est une structure de bois recouverte de tout ce qu'on trouve par terre! On en met deux pieds d'épais pour nous protéger du froid, du vent et de la pluie.
Nous l'avons laissé monté pour pouvoir retourner dormir dedans. Le temps a passé et nous n'y étions pas retournés encore. Il y a trois semaines, nous nous sommes donnés l'objectif d'aller y passer une nuit et de le défaire pour ne pas laisser de traces. À part cela, pas de plan précis, à part profiter à plein et avoir du plaisir. L'objectif fut atteint avec brio!
Notre abri avait souffert des intempéries depuis le temps... Il y avait un trou dans le toit et l'intérieur était humide.


Un peu de travail et il était remis à neuf: nous avons ajouté des feuilles en bonne quantité pour s'assurer une nuit chaude. En automne, 3 pieds de feuilles sont nécessaires.





Vu de l'intérieur:



Après avoir terminé l'abri et accumulé notre bois pour le feu, vint le temps de l'allumer! J'ai sorti ma planche à feu pour faire le feu par friction.








Notre feu!




Maintenant que nous étions installés, nous pouvions continuer à nous amuser...! J'ai été couper une section d'un arbre mort (cèdre) pour nous fabriquer des bols. Je le fends ici avec ma hache, mais une pierre en forme de coin aurait pu faire l'ouvrage.



La méthode est simple: on met un tison là où on désire créer une dépression et on souffle! Pfffff! Pffff! Re-pfffff!




Avant qu'on s'en rendre compte, on a déjà une bonne dépression dans le bois. Une fois de temps en temps, on gratte le charbon pour ensuite prendre un nouveau tison et continuer. Voici mon bol avant d'aller me coucher.



Après avoir fait chauffer notre soupe avec des pierres chaudes (nous verrons plus loin le procédé), nous nous sommes installés pour la nuit dans l'abri. Un tapis d'herbes sèches comme matelas, nous étions plus douillets que des oiseaux dans leurs nids. Avec des pierres chaudes comme bouillottes aux pieds et aux côtés, c'est le luxe. La clé pour être confortable, c'est de bien fermer la porte avec un tas de feuilles ou quoi que ce soit d'étanche et isolant.
Je me suis relevé dans la nuit pour rajouter du bois sur le feu et j'en ai profité pour rentrer dans l'abri des nouvelles bouillottes!
Ah, le confort!

Ça, c'est une fille qui a dormi dans misère! (Blague à part, notez la grosseur de l'abri... À l'intérieur, l'espace est minuscule en comparaison...)



J'ai parlé de la cuisson avec les pierres... Pour notre tisane du matin, nous avons jeté dans le feu des petites pierres pour les faire chauffer. Après peu de temps, elles étaient déjà rouges. Je les prends dans le feu à l'aide de bâtons fourchus.



Avant de les plonger dans l'eau, un petit rinçage était nécessaire pour enlever le surplus de cendre.



Ensuite, nous les avons immergées dans notre eau. Après 3 pierres, elle bouillait à gros bouillons.




De la menthe et voilà le travail!



À la lumière du jour, j'ai eu une déception: mon bol était fendu! Le bois était légèrement pourri et craqué de mon côté de la bûche.



Nous nous sommes concentrés sur le bol de Manon pour l'utiliser au dîner.



Pour la finition, on frotte le bol avec une pierre pour écraser les fibres et sabler.



Au dîner, c'est le test! Nous avons mis des pierres dans notre jus de moules. Ça bouille!



Ajoutez à cela du jerky, laissez macérer et dégustez!



Venu le temps de défaire l'abri. Un petit pincement au coeur nous prend. Pour chaque abri que j'ai bâti, j'ai développé un attachement profond. Je peux être n'importe où et faire de cet endroit un chez-moi grâce à mon abri. Je trouve important de le défaire, par contre, afin de redonner les matériaux de la terre à la terre, de ne rien laisser derrière moi qui dénoterait du passage d'un homme. C'est une mentalité qui n'est pas commune dans nos sociétés. Partout on laisse les vestiges de notre passage sans se soucier des conséquences. Avec cette mentalité, les bois seraient remplis d'abris vétustes si tout le monde en faisait. C'est aussi dans l'esprit de laisser l'environnement non modifié, afin de ne pas perturber l'équilibre naturel et la symbiose de faune/flore/autres qui s'y était installée.
Voici une partie du squelette de notre abri:



Notre site de camping après notre passage:



Le séjour est toujours trop court. À recommencer dès que possible!

samedi 28 novembre 2009

Fabrication d'un arc- 2e partie

Nous voici rendus à l'étape finale, ou presque, pour la fabrication d'un arc. Ce n'est pas une étape obligatoire, mais c'est vraiment un plus. Nous allons appliquer du tendon sur le dos de l'arc pour le renforcir.

Mes tendons sont récoltés sur les muscles qui longent la colonne vertébrale. Ils sont longs et se séparent facilement en fils une fois secs. Il s'agit de les frotter, plier, tordre dans tous les sens pour que le tendon se sépare en fils d'environ 1/8 de pouce au gros bout. L'ironie et la beauté de la chose, c'est que les tendons provenant du don de vie des cerfs vont me servir pour aller en chasser d'autres.


En résumé, nous allons prendre ces tendons et les coller de façon ordonnée sur le dos de l'arc. Pour que la colle adhère bien, j'ai lavé en profondeur le dos de l'arc afin d'enlever toutes les graisses. Étape importante! Par la suite, il ne faut même pas toucher le dos de l'arc avec les doigts! J'écorche aussi le bois avec une lime ou une scie à métal pour donner plus de prise à la colle.

Parlant de colle, la voici. C'est de la colle que j'ai fabriquée avec des retailles de peau de chevreuil et/ou autre peau, d'où le nom de colle de peau. Encore un don des cerfs! C'est une colle extrêmement forte et soluble à l'eau. Elle est encore utilisée en lutherie aujourd'hui. La fabrication fera probablement l'objet d'un prochain message...

Mélangée à de l'eau, j'en fais un sirop que j'applique en couche généreuse sur mon arc.

Je laisse sécher un peu et je suis prêt à appliquer les tendons, préalablement réhumidifiés. Je trempe chacun d'eux dans la colle et les place de façon à recouvrir tout le dos de l'arc. Je les place pour que les joints entre 2 tendons n'arrivent pas tous à la même place. Les tendons vont jusqu'au bout et reviennent jusqu'à 2 pouces sur le ventre de l'arc.

Je laisse sécher la première couche. J'en applique une 2e et même une 3e selon le besoin. À ce stade, j'en mets le même nombre sur chaque côté de la poignée.

Une fois fini, je le mets à sécher dans un endroit sec. Deux semaines au minimum sont requises avant de même songer à le toucher. Le tendon, en séchant, a rétréci et "ramené" l'arc, le rendant "reflex", ou autrement dit, courbé dans le sens opposé à l'arc bandé. Voir la photo.

Moment de vérité... on met la corde et on étire l'arc progressivement, corrigeant les défauts au fur et à mesure. L'arc peut nécessiter quelques retouches pour que sa courbure soit égale. Maintenant, il reste la finition, le sablage, les décorations, etc.

L'arc n'a pas cassé? Yipee! C'est l'heure de profiter et d'aller tirer. Quelle joie de tirer avec un outil aussi simple et pourtant si raffiné, fabriqué de ses mains avec les dons de la nature. Une fierté immense m'envahit... Je suis riche!