vendredi 18 juin 2010

Journée spéciale

Belle journée particulière pour moi! Ce matin qui s’annonçait pluvieux a viré au soleil. Sa lumière faisait de l’herbage un champ de cristaux magnifique auquel il me fut impossible de résister! J’ai pris mon panier et mon sac de cueillette, histoire de me donner un prétexte à aller me balader. Les boutons d’asclépiade étaient à leur apogée, j’en ai donc cueillis un panier plein. Quand je cueille une plante, je développe une intimité avec elle. Je connais sa vie, sa vue, son humeur. Je partage son paysage, son ancrage dans ce lieu qu’elle a choisi. On s’entraide l’un l’autre, puisqu’elle m’aide à survivre et moi à la propager. Elle devient une fidèle alliée et, partout où je vais, elle est présente… J’en ai profité pour cueillir du foin d’odeur, cette graminée que les Amérindiens considéraient comme une plante sacrée et qui sent si bon! Ils disaient que lorsqu’on allume le foin d’odeur, on demande au créateur de soigner nos sentiments et nos émotions. Je ne sais pourquoi, mais ça fonctionne avec efficacité! Cette odeur me calme et me réharmonise à coup sûr!
Je tresse le foin d’odeur alors qu’il est encore vert et souple. J’enlève les têtes, classe les tiges par longueurs et je les tresse. Je les mets ensuite à sécher tête en bas.
C’était aussi une journée particulière puisque j’ai défait ma hutte sur le bord de la rivière. J'y avais mis beaucoup de temps et d'énergie, sans compter l'attachement que l'on peut avoir avec un abri. Avec les hivers qu’elle a supportés, l’ossature s’était affaissée d’un côté, avec quelques côtes de brisées… Il est vrai que je ne l’ai pas beaucoup entretenue… Par contre, la chaume (l’herbage) était en excellent état. Les fagots de chaume étaient attachés à l’ossature par des liens d’herbage, qui étaient encore aussi solides qu’à l’origine. J’ai récupéré toute la chaume afin de la poser sur mon abri dont on voit l’ossature dans les messages précédents.

J’ai aussi vu aujourd’hui beaucoup plus d’animaux qu’à l’ordinaire. Un gros coyote s’est enfui à 30 pieds devant moi lors de ma cueillette. Une marmotte m’a presque foncé dessus tandis qu’une autre n’est rentrée dans son trou que lorsque j’aurais pu la toucher avec un bâton. En allant dans le bois, un écureuil m’a accueilli ainsi que… un cochon! Drôle de vision de voir un cochon en plein bois! Un évadé du matin qu’on avait perdu et qui s’est réfugié sur le site de l’école! J’avais bien remarqué les traces sans y prêter attention, me disant que c’était un jeune chevreuil… Et non!

Sur la photo, la piste de la patte arrière est sur celle de devant.




Je n’avais pas inclus de photos de mes couteaux croches que je me suis fait il y a plus d’un mois. Le couteau croche était utilisé extensivement par les amérindiens de toutes tribus pour tous les usages. C’est un couteau à un seul tranchant dont la lame est recourbée au bout et qui s’utilise en travaillant vers soi. J’ai utilisé une vieille lime que j’ai aiguisée sur la meule et que j’ai chauffée et pliée dans la forge. L’étape compliquée est le trempage de la lame pour lui redonner sa dureté. Lorsque la lame est rouge, on la trempe dans l’eau froide ou l’huile d’un coup. Ensuite, il faut la rechauffer à un degré précis pour atteindre la dureté optimale. On fait cela en la chauffant avec une torche, sur une barre de fer chauffée à blanc ou dans un four de cuisinière jusqu’à ce qu’elle change de couleur. Il y a une progression de couleurs qui passe de crème à bleu foncé. Pour mes couteaux, il fallait que j’amène le métal au jaune paille. Le trempage est une science en soi que je suis loin de maîtriser! J’ai dû m’y reprendre à 3 fois pour bien tremper les lames.

Ensuite, il faut faire le manche. J’en ai fait un en andouiller de cerf, que j’ai trouvé pendant le camping d’automne dont je parle dans mon blog. J’y ai percé un trou que j’ai rempli de colle de résine de pin, puis y ai inséré le manchon de la lame. L’autre est en noyer noir, attaché avec de la babiche. Deux étuis en cuir viennent protéger les lames coupantes comme des rasoirs. Le couteau croche s'utilise comme une plane, une gouge, ou simplement comme un couteau. L’outil idéal de l’artisan primitif!

2 commentaires:

  1. J'en ai le souffle coupé ! De voir comment tu nous guides dans NOTRE monde oublié, que tu nous permets de voir cette incommensurable richesse qui est là, au bout de nos doigts. Tu nous permets de reprendre possession de notre héritage volé, notre seul héritage !
    J'entends les rainettes versicolores crier à tue-tête la chanson de l'éveil et, grace à toi, de plus en plus de gens se joignent à la chorale.

    RépondreSupprimer
  2. C'est très vrai, Félix! Moi aussi je suis touchée de lire tout ce que tu fais et j'en suis totalement inspirée!

    RépondreSupprimer