mercredi 17 juin 2009

Couverture de peaux de lapin

Quoi de neuf me direz-vous? J'ai des idées!
Sur la ferme, nous élevons de petits lapins. Comme je suis le boucher local (!) je suis désigné pour l'abbatage. D'abords, comme je ne savais qu'en faire, je jettais les peaux au bois, toujours avec un pincement au coeur. Par souci de tout utiliser sur l'animal, j'ai essayé de sécher les peaux, mais il était difficile de bien les étendre, et comme je faisais ça vite, je finissais toujours par me retrouver avec un élevage de mouches! J'ai aussi essayer de les tanner, mais considérant le travail pour le peu d'usage et la fragilité de la peau, j'ai aussi laissé tomber cette méthode.

Or, je suis tombé sur une information utile dans un livre de Mors Kochanski, "Bush Craft". Il en fait des couvertures en peaux de lièvre, chaudes comme du duvet. C'était le seul habillement utilisé par les amérindiens Paiutes, nuit et jour, été comme hiver! Ça parle beaucoup. Voilà ce que je veux en faire...

Donc, en quelques mois, j'ai entassé dans mon congélateur déjà débordant environ 90 peaux de lapins, fourrure à l'extérieur. Pour faire une couverture de 90 cm par 90 cm, il en faut une soixantaine. Je trouve ça petit comme dimensions... donc j'ai calculé large pour la quantité de peaux.
On commence?

Voici une peau de lapin prête à être "déroulée".

Traditionellement, un couteau d'obsidienne était tenu entre les dents et la peau découpée à partir d'un trou des yeux. Lentement, on découpait une languette de 2-3 cm de large jusqu'au moment ou toute la peau avait été "déroulée". J'ai opté pour une solution moins puriste: un couteau planté dans une planche...

Presque toute la peau à été déroulée... Pour les petites pattes avant, l'idéal est de couper au travers puis de couper les surplus de peau ensuite.


Une fois rendu au bout, coincez ou attachez-le et tordez la peau sur elle même pour en faire une corde.

Une peau déroulée peut avoir une longueur impressionante! Jusqu'à 6 mètres en fait...

On peut enrouler la peau sur elle-même si on veut la recongeler pour une utilisation future, jusqu'à ce que vous ayez assez de peaux pour commencer.

On commence maintenant à tresser nos cordes de peau. On détermine la largeur de la couverture en faisant une chaîne de noeuds coulants (voir schéma). Au bout, on termine avec un noeud plat. Pour les autres rangs, on fait le noeud en 8.

Il est utile d'avoir le schéma à côté de soi lors de l'exécution! Ça a l'air clair sur papier, mais c'est tout autrement avec une corde poilue de 2 po de diamètre! Pour ne pas me perdre, je glisse mes doigts dans les 2 trous utilisés pour le noeud et je les laisse là tout le long du tressage. Ainsi je garde le fil (c'est le cas de le dire) si une distraction survient... ce qui arrive souvent. Quand le noeud est fait, je déplace mes doigts dans le trou adjacent et on recommence. Sur la photo, j'ai passé mes doigts par dessous pour mieux voir; d'habitude, ma main est au-dessus.
Je rentre le fil par un doigt et le sort par l'autre...

En tirant le fil, ça crée un anneau...


Je passe le fil dans l'anneau par dessous...

Et je serre le tout. Il devrait être difficile voir impossible de passer 2 doigts dans une maille.


Et je recommence le processus jusqu'au bout de la rangée. Puis je fini avec un noeud plat, et on recommence un nouveau rang. À ce stade, je trouve plus facile de retourner la couverture et de continuer le tressage dans le même sens, dans mon cas, de gauche à droite.¨

Pour joindre 2 peaux, on attache la nouvelle dans le trou de l'oeil de l'ancienne, ou on les passe l'une dans l'autre comme sur ce schéma.


Voilà 3 rangs de tressés. J'utilise 2 couleurs de peaux. Ne pas porter s'il y a des lions à proximité!


Ma couverture est large comme je suis grand. À chaque peau ajoutée je compte 1 po de plus en longueur. Si je la veux carrée, ça me prendrait 70 peaux environ. Je vais garder le compte...



À suivre...